De la propagande en Amerique

Francis Parker Yockey

Pour l'Europe, bien plus importante que la propagande [américaine] concernant les affaires intérieures en Amérique, est celle concernant les affaires étrangères. [Photo: Yockey en état d'arrestation, juste avant sa mort en juin 1960]  

Le numen [abstraction divine] de «démocratie» est utilisé dans ce domaine aussi comme l'essence de la réalité. A l'étranger, un développement qu'on cherche à favoriser est appelé «répandre la démocratie»; un développement qu'on cherche à contrecarrer est «contre la démocratie» ou est «fasciste». «Fascisme» est le numen correspondant au mal en théologie, et de fait ils sont exactement équivalents dans la propagande américaine. 

Dans la propagande, l'ennemi principal fut toujours l'Europe, et en particulier l'esprit prussien-européen qui surgit avec une force si évidente dans la Révolution Européenne de 1933, contre la conception négative de la vie, avec son matérialisme, son obsession de l'argent, et sa corruption démocratique. Plus il devint évident que cette Révolution n'était pas un phénomène politique superficiel, un simple passage d'un régime de partis à un autre, que c'était une révolution spirituelle profonde, totale, d'un nouvel esprit vital contre un esprit mort, plus la propagande haineuse dirigée contre l'Europe devint violente. En 1938, cette propagande avait atteint une intensité, à la fois en volume et en frénésie émotionnelle, qui ne put jamais être dépassée. Les Américains furent inlassablement bombardés avec le message que l'Europe menaçait toutes les choses de valeur dans le monde, «Dieu»; «la religion», «la démocratie», «la liberté», «la paix», «l'Amérique». 

Cet usage excessif de notions abstraites indiquait en lui-même qu'on manquait de réalités concrètes à utiliser. Ayant échoué à susciter l'inquiétude, en dépit du bombardement de la propagande, on produisit la thèse que l'Europe préparait l'invasion des Etats-Unis avec ses flottes et ses armées. Des idées semblables conquirent en effet le coté intellectuel de la conscience collective américaine, mais ne pénétra pas au niveau émotionnel et ne parvint pas à éveiller une crainte authentique ou une haine réelle. 

«Agresseur» fut un autre mot clé dans l'assaut intellectuel. A nouveau, il n'était pas relié à des faits, et était utilisé seulement comme un terme injurieux. La «moralité internationale» fut inventée et formulée pour que l'ennemi des «détourneurs de culture» devienne ipso facto immoral. Ne pouvant pas trouver de raisons politiques à leur politique, ils furent pleins d'ingéniosité pour créer des raisons morales, idéologiques, économiques et esthétiques. Les nations furent divisées en bonnes et en mauvaises. L'Europe prise comme un tout était mauvaise quand elle était unie, et si les «détourneurs de culture» pouvaient prendre pied dans l'un des pays européens, alors ce pays devenait bon. La machine de la propagande américaine réagit avec une haine venimeuse contre la partition de la Bohême en 1938. Chaque puissance européenne ayant participé aux négociations fut dénoncée comme mauvaise, agressive, immorale, anti-démocratique, et ainsi de suite. 

Un point fondamental dans cette image politique était la thèse selon laquelle la politique était le problème d'une «forme de gouvernement» combattant contre une autre. Les acteurs du combat mondial n'étaient pas des nations ni des Etats, mais des abstractions comme «démocratie» ou «fascisme». Cela obligeait à nommer l'adversaire, à un moment donné, «démocrate» ou «fasciste», et à changer son nom au fil des mois ou des années. La Serbie, la Pologne, le Japon, la Russie, la Chine, la Hongrie, la Roumanie, et de nombreux autres Etats furent successivement «fascistes» et «démocrates», selon les traités qu'ils avaient conclus, et avec quel pays. 

La division entre «démocrates» et «fascistes» correspondait exactement à celle entre les puissances rompant les traités et celles appliquant les traités. En supplément, il y avait la dichotomie: les nations aimant la paix -- et les autres. L'expression «loi internationale» fut popularisée, et elle fut utilisée pour décrire quelque chose qui n'a jamais existé, et ne peut pas exister. Elle n'avait aucun lien avec la vraie loi internationale produite par 500 ans de pratique occidentale. Elle fut popularisée pour signifier que tout changement dans le status quo international était «interdit» par la «loi internationale». 

N'importe quel mot ayant une connotation positive fut associé aux mots-clés de la propagande. Cependant la civilisation occidentale était trop respectée pour être traitée en termes hostiles, et son nom fut utilisé pour décrire le parlementarisme, la lutte des classes, la ploutocratie, et finalement la Russie bolchevique. Pendant la durée de la bataille de Stalingrad entre l'Europe et l'Asie, à la fin de 1942, la machine de propagande souligna que les forces de l'Asie représentaient la civilisation occidentale, alors que les armées européennes étaient les ennemies de la civilisation occidentale. Le fait que des régiments sibériens, turkmènes et kirghizes étaient utilisés par le régime bolchevique fut allégué pour prouver que l'Asie avait sauvé la civilisation occidentale. 

Pour les Européens, ce genre de choses témoigne de deux grands faits: l'absence totale de toute conscience politique ou culturelle dans les masses de la population américaine, et la profonde, totale et implacable hostilité envers l'Europe du régime des «détourneurs de culture» en Amérique. Le Japon fut aussi traité en ennemi par la propagande, mais pas comme un ennemi irréconciliable, comme l'Europe. La propagande contre le Japon n'alla jamais jusqu'à prendre une forme raciale, de peur que les instincts raciaux de la population américaine ne se réveillent en tempête et ne balayent les «détourneurs» eux-mêmes. Le ton généralement modéré de la propagande anti-japonaise était dû au fait que le Japon n'avait pas connu, et ne pouvait même pas connaître, une chose comme la grande Révolution Européenne de 1933. 

Du fait de l'intellectualité primitive dans un pays dont la population avait été mentalement uniformisée, cette propagande put utiliser des expédients extrêmement grossiers. Ainsi, pendant la préparation à la guerre, de 1933 à 1939, la presse, le cinéma et la radio furent remplis d'histoires d'insultes au drapeau américain à l'étranger, de documents secrets découverts accidentellement, de conversations surprises par des écoutes téléphoniques, de découvertes de caches d'armes chez des groupes nationalistes américains, et ainsi de suite. Dans certains cas, des «actualités» prétendument filmées à l'étranger furent en réalité produites à Hollywood. Tout cela devint si fantaisiste que lorsqu'un programme radio, un an avant la 2ème Guerre Mondiale, diffusa une histoire imaginaire d'invasion de Martiens, il y eut des symptômes de panique générale parmi les masses abruties par la propagande. 

Comme l'Amérique n'avait jamais été accoutumée aux méthodes politiques «florentines» qui avaient laissé leur marque sur l'esprit européen, le régime des «détourneurs de culture» put se lancer dans des attaques de propagande d'un genre extrêmement repoussant et vil, dirigées contre la vie privée et la personne des dirigeants européens qui représentaient l'avenir mondial du 20ème siècle. Ces dirigeants furent décrits comme ayant été des «larbins», des homosexuels, des drogués et des sadiques. 

La propagande était entièrement libre de toute base culturelle, et était complètement cynique au regard des faits. Exactement comme les usines à cinéma de Hollywood fabriquaient des pièces mensongères et des «actualités», les propagandistes de la presse créaient les «faits» dont ils avaient besoin. Quand les forces aériennes japonaises attaquèrent la base navale américaine de Pearl Harbor en décembre 1941, les «détourneurs de culture» ne savaient pas que l'Europe saisirait l'occasion pour faire payer la guerre non-déclarée que le régime «détourneur de culture» de Washington avait menée contre l'Europe. Par conséquent, le régime décida immédiatement d'exploiter l'attaque japonaise comme étant une mesure militaire européenne. A cette fin, les organes de propagande répandirent la «nouvelle» que des avions européens avec des pilotes européens avaient participé à l'attaque, et l'avaient même dirigée. Bien que tous les bateaux importants de la base aient été coulés dans l'attaque, le régime annonça officiellement que seuls de légers dommages avaient été causés. Ces créations de faits n'étaient rien, cependant, comparés avec la propagande massive de l'après-guerre du régime «détourneur de culture» basé à Washington, concernant les «camps de concentration». 

Cette propagande annonça que 6 000 000 de membres de la race-peuple-religion-Etat-nation-culture juive avaient été tués dans des camps européens, ainsi qu'un nombre indéterminé d'autres gens. La propagande fut faite à une échelle mondiale, et fut d'une malhonnêteté qui était peut-être adaptée à une masse uniformisée, mais qui était simplement dégoûtante pour les Européens avertis. La propagande fut techniquement très complète. Des «photographies» furent diffusées par millions de copies. Des milliers de gens parmi ceux qui avaient été «tués» publièrent des récits de leurs expériences dans ces camps. Des centaines de milliers d'autres firent fortune dans le marché noir de l'après-guerre. Des «chambres à gaz» qui n'existaient pas furent photographiées, et un «camion à gaz» fut inventé pour exciter les esprits crédules. 

Nous en arrivons maintenant à l'objectif de cette propagande que le régime donna à ses masses mentalement asservies. D'après une analyse de la perspective politique du 20ème siècle, l'objectif apparaît comme étant seulement celui-ci: il fut conçu pour créer une guerre totale au sens spirituel, transcendant les limites de la politique, contre la civilisation occidentale. On donna aux masses américaines, à la fois militaires et civiles, ce poison mental pour les enflammer jusqu'au point où ils mèneraient sans flancher le programme d'annihilation de l'après-guerre. En particulier, il fut conçu pour appuyer une guerre, après la 2ème Guerre Mondiale, une guerre de pillage, de pendaisons, et de famine planifiée, contre l'Europe sans défense.


Ce texte est extrait du livre de Francis Parker Yockey, Imperium, pp. 529-534. Première édition en 1948; deuxième édition: Costa Mesa, CA : Noontide Press, 1962. Imperium (en anglais) peut être commandé à Noontide Press

 

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