Les ElectionsFrancis Parker Yockey |
Dans la question des «élections»
qui fut à la mode pendant presque deux siècles dans la vie
de la civilisation occidentale, à la fois en Europe et partout dans
les zones où elle domine spirituellement, apparaît une importante
loi des organismes politiques.
Dans les conditions «démocratiques» se manifeste le phénomène connu sous le nom d'«élections». La théorie de la «démocratie» émergeant vers 1750, était que le pouvoir «absolu» du monarque, ou de l'aristocratie, dépendant de conditions locales, devait être brisé, et ce pouvoir transféré au «peuple». Cet usage du mot «peuple» montre à nouveau la nature nécessairement polémique de tous les mots utilisés politiquement. «Peuple» était simplement une négation; on souhaitait simplement nier que la dynastie, ou bien l'aristocratie, appartenait au «peuple». C'était donc une tentative de dénier une existence politique au monarque ou à l'aristocratie; autrement dit, ce mot les définissait implicitement comme l'ennemi dans le vrai sens politique. Ce fut la première fois dans l'Histoire occidentale qu'une théorie intellectualisée devenait le foyer d'un événement politique. Partout où le monarque ou l'aristocratie étaient stupides ou incapables, partout où ils regardaient en arrière au lieu de s'adapter au nouveau siècle, ils furent renversés. Partout où ils reprirent eux-mêmes les théories et les interprétèrent officiellement, ils conservèrent leur pouvoir et leur autorité. La théorie pour transférer ce pouvoir «absolu» au «peuple» devait être les plébiscites, ou «élections». La proposition théorique était de donner le pouvoir à des millions d'êtres humains, [de donner] à chacun sa fraction infinitésimale du pouvoir politique total existant. C'était bien sûr impossible d'une manière que même les intellectuels pouvaient voir, donc le compromis fut les «élections», par lesquelles chaque individu de l'organisme pouvait «choisir» un «représentant» pour lui-même. Si le représentant faisait quelque chose, par une fiction gratifiante on considérait que chaque petit individu «représenté» avait fait cela lui-même. En peu de temps, il devint évident pour les hommes intéressés par le pouvoir, soit pour eux-mêmes, soit pour promouvoir leurs idées, que si quelqu'un travaillait à influencer les esprits de la populace avant l'une de ces «élections», il serait «élu». Plus les moyens de persuasion des masses de votants étaient grands, plus son «élection» subséquente était certaine. Les moyens de persuasion étaient tout ce qu'il avait sous la main: rhétorique, argent, presse écrite. Comme les élections étaient de grandes choses, disposant de grandes quantités de pouvoir, seuls ceux qui commandaient à des moyens de persuasion correspondants pouvaient les contrôler. La Rhétorique vint en premier, la Presse devint comme le Seigneur du pays, le pouvoir de l'Argent couronna le tout. Un monarque ne pouvait pas être acheté; quel pot-de-vin aurait-il pu le séduire? Il ne pouvait pas être mis sous la pression des usuriers -- il ne pouvait pas être poursuivi. Mais les politiciens des partis, vivant à une époque où les valeurs devenaient de plus en plus des valeurs d'argent, pouvaient être achetés. Ainsi la démocratie présentait l'image d'une populace sous la contrainte des élections, les délégués sous la contrainte de l'Argent, et l'Argent assis sur le siège du monarque. Ainsi le pouvoir absolu demeura -- comme il le doit dans tout organisme, car c'est une loi existentielle de tout organisme que: le pouvoir à l'intérieur d'un organisme est constant, et si des individus, des groupes, ou des idées à l'intérieur de l'organisme voient leur pouvoir diminué, certains autres individus, groupes, ou idées voient leur pouvoir accru dans la même proportion. Cette Loi de Permanence du Pouvoir intra-organique est existentielle, car si une diminution de pouvoir quelque part à l'intérieur n'est pas compensée ailleurs dans l'organisme, l'organisme devient malade, plus faible, et peut perdre son existence politique en tant qu'unité indépendante. L'histoire de l'Amérique du Sud de 1900 à 1950 est riche en exemples de révolutions triomphantes contre des régimes qu'elles dépouillèrent de leur pouvoir -- qui se transportait alors aux Etats-Unis d'Amérique du Nord, et aussi longtemps que durait cette situation, le pays dans lequel une telle révolution s'était produite était une colonie de l'impérialisme yankee.
Francis Parker Yockey, Imperium, pp. 163-165. Première édition en 1948; deuxième édition: Costa Mesa, CA : Noontide Press, 1962. Imperium (en anglais) peut être commandé à Noontide Press. |