VI 6-9
Rarement malheur arrive au sage
Car il n'est point de meilleur
ami
Que sa propre clairvoyance.
XVI
Le lâche pense vivre pour
toujours
S'il se tient loin de la bataille
Mais la vieillesse le privera
de la paix
Qu'une lance ne lui a pas accordé
XXV
Le sot pense que tous ceux
Qui rient avec lui sont ses amis
Alors il découvre
Quand il vient à l'assemblée
Que peu parlent en sa faveur
XXIX 4-6
Une langue bien pendue
Si elle n'a pas de bride
Souvent se porte préjudice
XXXIV
Un grand détour n'évite
pas
De rencontrer son ennemi
Même s'il habite tout près
Mais pour aller chez l'ami cher
Toute route est bonne
Même s'il est parti au loin
XXXVI
Une cabane bien à soi est
bien bonne
Même si elle est petite
Chez soi chacun est maître
Deux chèvres et une hutte
au toit de chaume
Sont mieux que de quémander
XXXVIII
De ses armes sur la plaine
Mieux vaut ne pas se séparer
Car on ne sait jamais quand sur
le chemin
On aura besoin de sa lance
XLVII
Jeune je fus jadis
Je cheminais solitaire
Alors je perdis ma route
Riche je me sentis
Lorsque je rencontrai autrui
L'homme est la joie de l'homme
XLVIII
Les hommes généreux
et audacieux
Sont ceux qui vivent le mieux
Rarement le chagrin les accable
Mais le lâche vit dans la
crainte
Et l'avare dans la petitesse
XLIX
J'accrochai mes vêtements
A deux poteaux de bois sur la
plaine
Ainsi vêtus, ils avaient
fière allure
Mais nu, je n'étais rien
L
Le jeune pin dépérit
qui se dresse solitaire
Nulle écorce ni aiguilles
ne le gardent
Ainsi l'homme qui n'est aimé
de personne
Comment vivrait-il bien longtemps
?
LIII 4-6
Tous les hommes ne sont pas sages
également
L'imperfection règne partout
LVI
Modérément sage
devrait être chacun
Jamais trop sage
Celui qui ne connaît pas
d'avance son destin
A le coeur plus léger
LVIII
Il doit se lever tôt le
matin
Celui qui d'autrui veut ravir
la vie ou les biens
Rarement loup couché trouve
repas
Ni homme dormant la victoire
LXIV
De sa vaillance il faut user avec
modération
Car on peut découvrir
Que parmi les braves
Nul ne peut à lui seul
de tous triompher
LXVIII
C'est le feu qui est le meilleur
Pour les fils des hommes
Ainsi que le spectacle du soleil
La santé si on peut la
garder
Et vivre une vie honorable
LXXI
Un boiteux monte à cheval
Un manchot garde les troupeaux
Un sourd peut combattre et être
utile
Mieux vaut être aveugle
que mort
Un mort n'est utile à personne
LXXII
Mieux vaut avoir un fils
Même s'il naît après
la mort de son père
Rarement pierre commémorative
Se dresse au bord du chemin
Si le parent ne l'érige
au parent
LXXVI
Meurent les biens, meurent les
parents
Et toi aussi tu mourras
Mais la réputation ne meurt
jamais
De celui qui a vécu honorablement
LXXVII
Meurent les biens, meurent les
parents
Et toi aussi tu mourras
Mais je connais une chose qui
jamais ne meurt :
Le jugement porté sur chaque
mort
LXXX 2-6
Quand tu interroges
Les runes venues des dieux,
Celles que firent les dieux suprêmes
Et que colora le mage suprême,
Le plus sûr est de se taire.
LXXXI
C'est le soir qu'il faut louer
le jour
La femme, quand elle a vécu
L'épée, quand on
l'a éprouvée
La vierge, quand elle est mariée
La rivière gelée,
quand on l'a traversée
La bière, quand elle est
bue
LXXXIV
Parole de femmes nul ne devrait
croire
Car sur une roue tournoyante
Leur coeur a été
façonné
Inconstance a été
placée en leur sein
XCV
Mon âme peut seule juger
Ce qui est dans mon coeur
Je suis seul avec moi-même
Il n'est pire peine pour un homme
sage
Que de n'être pas satisfait
de lui
CXIX 5-10
Si tu as un ami
En qui tu as toute confiance,
Va le trouver souvent
Car les taillis croissent
Ainsi que l'herbe haute
Sur le chemin que nul ne foule
CXXI 5-10
Avec ton ami ne sois pas le premier
à rompre
Le chagrin dévore le coeur
De qui n'a personne à qui
ouvrir son âme
CXXIII 1-3
D'un méchant homme
Jamais tu n'obtiendras récompense
Pour tes bonnes actions
CXXXIII 4-6
Il n'est nul homme excellent
Qui ne soit sans défaut
Ni si mauvais qu'il ne soit inutile
CXXXIV 5-7
Du vieux sage ne ris jamais
Souvent est vrai ce que disent
les anciens.