Introduction à ImperiumWillis A. Carto |
Vaguement,
je pouvais distinguer la forme de cet homme -- et homme étrange
et solitaire -- à travers l'épais grillage. Intérieurement,
je maudissais ces lourds écrans qui empêchaient tout contact
entre nous. Car même si notre hôte était la Prison du
Comté de San Francisco, et même si l'homme à qui je
rendais visite était enfermé avec des petits voleurs et des
criminels, je savais que j'étais en présence d'une grande
force, et je pouvais sentir l'Histoire se tenant à coté de
moi. [Photo: Yockey en état d'arrestation, juste avant sa mort en
juin 1960.]
Hier, les grands titres ont claironné leur sensationnelle découverte. «UN HOMME MYSTERIEUX AVEC TROIS PASSEPORTS EMPRISONNE ICI», clamaient-ils. Un homme mystérieux -- méchant -- avait été capturé. Un homme adonné à de sombres actions et -- bien pire -- à des pensées interdites, aussi, grinçaient les journalistes. Un homme qui avait parcouru la terre pour des missions mystérieuses et qui était considéré comme tellement dangereux que sa caution avait été fixée à 50.000 $ -- un chiffre dix ou vingt fois plus élevé que la caution normale pour une fraude au passeport. L'excitation des journaux et le mystère de tout cela semblait indiquer que ce desperado était un gangster international, ou un super-agent communiste. Du moins, c'est ce que les journaux laissaient entendre. Mais je sais maintenant qu'elle se trompait à bien des égards, notre «presse libre». Je sais maintenant que le seul crime de Francis Parker Yockey était d'avoir écrit un livre, et pour cela il devait mourir. Il est toujours impossible, bien sûr, de saisir l'essence de la grandeur. Il y a des grands faits dans une grande vie, mais les faits sont morts et presque muets quand nous recherchons la réalité essentielle d'une personnalité créative. Mais examinons quelques-uns des faits que nous connaissons d'une vie qui est à la fois signifiante, fascinante et tragique. Francis Parker Yockey était né à Chicago en 1917. Il fréquenta les universités américaines, obtenant un diplôme de lettres en 1938 et, trois ans plus tard, un diplôme de droit à Notre Dame, où il fut diplômé avec mention. Dès sa prime enfance, Yockey fut reconnu pour ses prodigieuses aptitudes et jalousé par beaucoup de gens pour cela. L'histoire peut révéler que la combinaison de l'originalité et de la haute intelligence chez de rares individus est essentielle pour le progrès humain, mais nous mortels trouvons ces qualités plus admirables dans les biographies que chez les camarades de classe, les amis et les subordonnés. Yockey était un pianiste de niveau professionnel; il était un écrivain doué. Il étudia les langues et devint un linguiste. En tant qu'avocat, il ne perdit pas un seul procès. Il avait une compréhension extraordinaire du monde de la finance -- et cela est surprenant car nous savons que dans sa philosophie, l'économie est reléguée à une position relativement sans importance. Et c'est en tant que philosophe que Yockey atteignit son sommet; c'est pour cela qu'on se souviendra de lui; il était un homme avec une vision incroyable. Même ainsi, sa personnalité était pimentée d'un précieux sens de l'humour. Comme la grande majorité des Américains, Yockey s'opposa à l'intervention américaine dans la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, il s'engagea dans l'Armée et servit jusqu'en 1942 où il fut réformé pour raisons médicales (honorables). Les années suivantes furent occupées à exercer la loi, d'abord dans l'Illinois et ensuite à Detroit, où il fut nommé Procureur Adjoint de Wayne County, dans le Michigan. En 1946, Yockey se vit proposer un emploi au tribunal des crimes de guerre et partit pour l'Europe. Il fut nommé à Wiesbaden, où les nazis de «second rang» attendaient leur procès et leur châtiment. L'Europe de 1946 était un continent ravagé par la guerre, pas la terre prospère que nous connaissons aujourd'hui. A la vue du carnage, et voyant de ses propres yeux les effets visibles de l'innommable Plan Morgenthau qui avait pour but d'organiser la famine pour 30 millions d'Allemands, et qui était appliqué à cette époque, il se trouva sans doute largement renforcé dans sa conviction que l'implication américaine dans la guerre avait été une terrible erreur. Et en sentant la puissance du sinistre pouvoir de l'Est, il put bien se demander quels intérêts étaient servis par une telle «victoire». Comme le sénateur Robert A. Taft et beaucoup d'autres hommes responsables et avisés de l'époque, qui eurent le courage d'exprimer leur conviction, Yockey conclut que toute la procédure des «tribunaux pour crimes de guerre» servait -- et était destinée à servir -- les intérêts du communisme international. L'usage de la torture, les preuves falsifiées et les lois rétroactives devant un tribunal qui était juge, jury, procureur et défense faisaient simplement partie des aspects juridiques absurdes. De bien plus grande importance était le retour à la barbarie qui était inhérent au spectacle -- un retour si bien exploré plus tard par le Britannique F.J.P. Veale dans Advance to Barbarism. Pendant onze mois, le travail de Yockey à Wiesbaden fut de préparer des rapports sur les divers dossiers. Ayant une haute vision de l'Histoire, il tenta de faire un travail objectif. Finalement, à Washington, quelqu'un se plaignit, et son supérieur le convoqua. «Nous ne voulons pas de ce type de rapports», lui dit-on. «C'est un point de vue entièrement erroné. Vous devez réécrire ces rapports pour vous conformer au point de vue officiel». Yockey sentit que le temps était venu de prendre parti, même si cela signifiait rompre avec le conformisme et plonger dans les eaux solitaires de l'ostracisme social. «Je suis un juriste, pas un journaliste», dit-il, «vous devrez écrire vous-même votre propagande», et il démissionna sur le champ. Après Wiesbaden, il retourna en Amérique pendant cinq mois. Mais après avoir goûté à la Weltpolitik [politique mondiale], il ne pouvait plus tenir en place. Il ne pouvait pas ignorer le sentiment tenace qu'il devait s'immoler lui-même dans les flammes de la controverse. Et cette conviction détruisit tellement sa paix de l'esprit qu'il sut qu'il n'avait pas le choix. C'est à la fin de 1947 que Yockey retourna en Europe. Il trouva une auberge tranquille à Brittas Bay, en Irlande. Isolé, il eut du mal à commencer. Finalement, il commença à écrire, et en six mois -- travaillant entièrement sans documentation -- Francis Parker Yockey termina Imperium. L'étape suivante était la formidable tâche de la publication. Ici aussi, Yockey se heurta à de sérieux problèmes, car aucun éditeur ne voulait du livre, qui prêtait trop à la «controverse». Les éditeurs vénaux de notre époque avancée savent que n'importe quel tas d'ordures, d'obscénités, de sexe, de sadisme, de perversion et de vomi fera vendre, une fois enveloppé dans deux couvertures criardes et appelé «livre», mais sous aucune circonstances ils ne peuvent permettre aux lecteurs d'entrer en contact avec un ouvrage sérieux s'il ne contient pas les hommages de rigueur aux slogans d'égalité, de démocratie et de fraternité universelle. Finalement, pourtant, Yockey put assurer le financement nécessaire, et la production commença. La première édition de Imperium fut publiée en deux volumes, le volume I avait 405 pages et trois chapitres. Le volume II avait 280 pages et aussi trois chapitres. Les deux furent publiés en 1948 aux éditions Westropa Press. Le volume I fut imprimé par C.A. Brooks & Co., et le volume II par Jones & Dales -- tous deux de Londres. Les deux volumes étaient d'une dimension de 5 X 7¼ pouces [= 12,7 X 18,4 cm] et avaient une jaquette rouge avec le titre en noir sur un encadré blanc. La couverture du volume I était brune et celle du volume II était noire. On sait que 1.000 exemplaires du volume I, mais seulement 200 du volume II, furent imprimés. La différence dans les quantités et le changement d'imprimeur indiquent la difficulté de financement du travail. Les exemplaires de la première édition sont, bien sûr, pratiquement introuvables aujourd'hui. La combinaison la plus rare chez l'homme est celle du philosophe et de l'homme d'action. Quand Yockey s'essaya à l'organisation politique, il prouva qu'il n'était pas une exception à la règle -- ou étaient-ce les temps d'alors qui étaient trop dissociés de l'avenir pour qu'un mouvement constructif soit lancé? En organisant le Front de Libération Européen en 1949, lui et ses amis publièrent un manifeste intitulé la Proclamation de Londres. Mais à part un passage à tabac subi à Hyde Park, il ne se passa rien de plus. Et ici encore il rencontra le vieux problème. Même parmi les intellectuels et les individualistes clairvoyants qui étaient ses compagnons de travail, son intelligence dominait. Il fut jalousé, et la tentative échoua bientôt. Son argent et ses espoirs immédiats envolés, Yockey trouva un emploi à la Croix Rouge. Il le quitta en 1951 et voyagea à travers l'Europe. En 1952, le Département d'Etat refusa de renouveler son passeport. A plusieurs reprises, il fit une demande; chaque fois il essuya un refus. Un petit jeu se développa alors entre le FBI et Yockey, car le FBI avait reçu l'ordre de le tenir sous surveillance permanente. C'est un scénario qui est depuis lors devenu bien connu des anticommunistes vigoureux de toutes les parties des Etats-Unis, particulièrement dans le Sud. Quand le lieu de résidence de Yockey était connu, le FBI le surveillait nuit et jour. Quand il disparaissait temporairement, comme cela arrivait fréquemment, ses amis et ses proches et ses contacts étaient constamment interrogés par des agents qui -- comme ils le répétaient -- «voulaient seulement lui parler». Et c'était indubitablement la vérité. C'était tout ce qu'ils voulaient. Ils voulaient juste savoir où il était, ce qu'il faisait, qui il rencontrait, ce qu'il disait et où il allait ensuite. Pourquoi, demanderez-vous? Pourquoi tout cet intérêt pour Francis Parker Yockey, écrivain? Il donna lui-même la réponse à un ami. «Mes ennemis m'ont pris plus au sérieux que ne l'ont fait mes amis», dit-il, et c'était vrai. Et pendant que je regardais à travers les épaisses glaces de la Prison de San Francisco, et que je distinguais la forme floue de l'autre coté, ce dixième jour de juin 1960, je savais que je devrais aider le prisonnier du mieux que je le pouvais. Je ne pouvais rien faire d'autre. J'ai lu votre livre, dis-je à l'ombre, et je veux vous aider. Que puis-je faire? -- Attendez, dit-il, et faites ce que vous dit votre conscience. La semaine suivante fut remplie de la nouvelle de la comparution de Yockey devant le rabbin Joseph Karesh, le Commissaire des Etats-Unis. A deux reprises, j'assistai aux auditions, et chaque fois je fus fasciné par cet homme, Yockey. En taille il faisait environ cinq pieds, dix pouces [= 1,55 m]. Il était mince, peut-être 145 livres [66 kg], et avec une démarche rapide. Ses cheveux étaient sombres, et commençaient à grisonner. L'expression de son visage -- pensive, sensible, magnétique -- était une chose inoubliable. C'était à cause de ses yeux, je pense. Sombres, avec une intelligence rapide et pénétrante. Ses yeux exprimaient de grands secrets et une grande connaissance et une si terrible tristesse. Alors qu'il se retournait pour partir, une fois, ces yeux parcoururent rapidement la salle, sautant d'un visage à l'autre avec une sorte de désespoir, bien que l'expression de résignation déterminée ne quittât jamais son visage. Que cherchait-il? Dans cette cage aux lions, quoi d'autre à part un visage ami? Comme son regard se déplaçait, il rencontra le mien, s'arrêta et pendant une fraction de seconde, il me parla avec ses yeux. A cet instant nous comprîmes que je ne l'abandonnerai pas. Le vendredi matin, le 17 juin, je me levai à l'heure habituelle. J'entendis le speaker de la radio prononcer des paroles qui m'accablèrent. Yockey était mort. «Je vais dormir jusqu'au matin», fut le message énigmatique qu'il donna à son camarade de cellule, la dernière nuit. Le matin qu'il attendait était-il l'aube d'un Nouvel Age? Une note confuse fut découverte. Le juge conclut à un suicide et déclara que le poison était du cyanure de potassium. Personne ne savait où il l'avait obtenu. Le dossier fut clos. En tant qu'Américains, on nous a appris à croire depuis l'enfance que nous vivons dans un pays libre. Mais les temps changent, et l'Amérique s'est transformée à de nombreux égards. Souvent, les anciennes formalités sont respectées, mais le sens et la réalité intérieure de l'Amérique a changé, et personne ne vit cela plus clairement que Francis Parker Yockey. Comment la presse, par exemple, aime à se vanter de sa liberté auprès de ses victimes -- ses lecteurs. Oui, la presse peut avoir la liberté de mentir et de déformer et de dissimuler et de tromper et de calomnier, mais est-elle libre de dire la vérité? Le spectacle d'un homme persécuté, piégé, et conduit à la mort simplement pour avoir écrit un livre n'est pas une chose que l'on s'attendrait à voir au 20ème siècle sur la terre de la liberté et le pays de la bravoure. Mais sommes-nous libres lorsqu'un citoyen américain dont le seul crime était d'avoir écrit un livre se voit refuser un passeport par le Département d'Etat -- un privilège qui n'est accordé qu'aux plus notoires dégénérés et criminels? Ce ne fut pas avant le 24 avril 1962 que le Département d'Etat se décida finalement à conduire des auditions pour refuser des passeports aux plus importants communistes -- mais la «presse libre» oublia quelque peu de rappeler l'époque où aucun rapport de nature confidentielle venant du FBI ou de toute autre source ne pouvait être utilisé contre un communiste sans qu'il ait le «droit» d'être confronté à son accusateur. Et, bien sûr, le droit de faire appel devait être scrupuleusement respecté, même à cette époque. Sommes-nous libres lorsqu'un citoyen peut être arrêté sans mandat d'arrêt et incarcéré sans charges, mais avec la fantastique caution de 50.000 $ fixée contre lui? Sommes-nous libres lorsque les vautours de la «presse libre» peuvent s'abattre sur la victime pour la couvrir de calomnies et de mépris et l'accuser de faire des choses qu'elle n'a jamais faites et de dire des choses qu'elle n'a jamais dites, dans une tentative de dresser l'«opinion publique» contre elle? L'Amérique est-elle un pays libre lorsqu'un génie sensible peut être enfermé dans la plus infecte des prisons avec des criminels Noirs et Blancs et peut même se voir refuser des vêtements propres et un bain? Sommes-nous libres lorsqu'un tel «criminel» n'est pas autorisé à voir ses sœurs en privé, et lorsqu'un groupe qui fut soi-disant constitué pour défendre les droits constitutionnels des citoyens -- l'Union Américaine des Libertés Civiles [ACLU] -- défendrait les «droits» des homosexuels, des traîtres, des meurtriers et des pornographes plutôt qu'un patriote sincère comme Francis Parker Yockey, dont chaque pensée et chaque effort furent faits au nom de ses semblables? Sommes-nous libres, je le demande, lorsqu'un juge peut décider qu'un prisonnier ne doit pas avoir un «procès rapide et public par un jury impartial», comme le garantit la Déclaration des Droits du Citoyen, mais qu'au lieu de cela il doit subir un examen mental dans le but évident d'éviter un procès par un jury? Et finalement, sommes-nous libres lorsqu'un autre groupe -- bien plus puissant que l'ACLU ou que le gouvernement lui-même -- si puissant, en effet que les gens osent à peine chuchoter son nom, sauf de la manière la plus obséquieuse -- sommes-nous libres lorsque ce groupe est capable de dicter au gouvernement la procédure exacte qui doit être appliquée pour se débarrasser des fauteurs de troubles comme Francis Parker Yockey? Si des choses comme celles que j'ai énumérées peuvent arriver -- et elles arrivent --, alors notre «liberté» tant vantée est une chose truquée; un mot vide que nous ont donné nos maîtres vigilants pour nous amuser et nous tranquilliser -- comme un parent donne un joli jouet à un enfant. Il est instructif d'énumérer les moyens ordinaires par lesquels nos maîtres combattent les idées et les mouvements positifs. Dans ces tactiques, il existe un schéma que les forces constructives feraient bien d'étudier. La première tactique est la suppression et la non-reconnaissance déterminée du rebelle et de ses travaux. La presse appliquera unanimement «l'étouffoir» bien connu. Même à ce stade précoce, si le mouvement promet de devenir important, l'assassinat est envisagé et réalisé si possible. Le meurtre du jeune Newton Amstrong Jr. à San Diego, dans la nuit du 31 mars 1962, est un cas d'espèce. Citation extraite du livre de Che Guevara concernant la tactique de guérilla et la question de savoir quand recourir à l'assassinat: La politique du Parti Communiste est généralement opposée au recours à l'assassinat … Cependant, cela requiert deux conditions et une décision à un haut niveau politique … Les conditions concernant l'individu en question sont qu'il doit être hautement efficace et qu'il doit servir comme une sorte d'exemple -- une sorte d'exemple hautement efficace.La tactique suivante est la Diffamation par la calomnie, la déformation, la présentation tronquée, et par la confusion semée partout où c'est possible. Cela peut être une diffamation négative dans le but de détruire l'efficacité d'un ennemi ou une diffamation positive dans le but de répandre le brouillard autour de la vérité pour permettre le développement d'un mouvement de désintégration. La falsification de la vérité concernant Castro, qui était considéré avec indulgence par presque toute la presse et, bien sûr, par le Département d'Etat, est un exemple classique de cela. La Diffamation commence habituellement par une campagne sournoise qui se développe vicieusement en une campagne franche et ouverte, la «presse libre» étant appelée en renfort. L'objectif est d'isoler les ennemis du régime en place et de les discréditer. La troisième tactique est l'infiltration du mouvement et/ou l'établissement d'une fausse direction pour saboter le mouvement au moment opportun, tout en détournant les énergies des patriotes vers des activités inoffensives et contrôlées. Le quatrième et dernier stade est utilisé seulement en dernier ressort, quand le mouvement ou la philosophie est devenue institutionnalisé et immunisé contre les tactiques plus grossières. Il s'agit de l'«interpréter» de manière à le mettre autant que possible en conformité avec les modèles acceptés (d'une manière caractéristique, les philosophies alternatives de Jésus Christ et de Friedrich Nietzsche ont toutes deux souffert d'une telle interprétation aseptisante). Au moins deux des manœuvres précitées sont habituellement utilisées simultanément. Par exemple, en plus de la suppression de son Imperium, Yockey fut aussi victime de la Diffamation; et il fut aussi en danger d'être assassiné -- et sa fin énigmatique résolut le problème. A présent, il n'y a pas besoin d'avoir un don de prophétie pour prédire que cette présente réédition de son œuvre entraînera la même séquence. Je vous dis que l'injustice de tout cela est suffisante pour rendre quelqu'un fou. Comment un homme peut-il supporter les radotages cyniques ou ignorants des gens de gauche quand ils pleurnichent sur la «liberté de parole» et le «droit à la dissidence» et agitent leurs petits poings contre la «conformité» et tout le reste de leur baratin, lorsqu'on sait que ces infirmes moraux et ces pervers éthiques demandent leurs étranges libertés seulement pour ceux qui travaillent à détruire l'Occident? Nous avons vu que leur réaction, lorsqu'on s'engage pour sauver l'Occident, aurait besoin de certains de leurs remèdes. C'est comme quand un certain journaliste, sage et vieux, glissait à l'une des sœurs de Yockey, alors qu'elle s'effondrait doucement en larmes dans sa solitude: «Votre frère est un martyr -- le premier d'une longue liste -- si nous devons reprendre notre pays des mains de ceux qui nous l'ont volé.» Une nouvelle surprenante concernant l'affaire Yockey survint quelques semaines après sa mort, et fut celle du profond silence de l'homme qui avait été chargé de l'envoyer vers un asile d'aliénés, le Procureur des Etats-Unis. Soudainement, inexplicablement, il démissionna de son travail, quitta sa femme et ses enfants et entra dans un monastère. Supposons qu'au moins un dévoué serviteur de la Démocratie avait une conscience, même si elle se manifesta un peu tard. Permettez-moi de vous exposer mon préjugé pour qu'il n'y ait pas de malentendu. Je suis en faveur de la survie de notre organisme culturel occidental. J'aime ceux qui luttent pour l'intégrité de l'Occident, quels qu'ils puissent être. Et, tout autant que je crains et que je me défie des ennemis extérieurs de l'Occident, je méprise nos ennemis intérieurs et encore plus les couards qui les soutiennent -- et je hais leur doctrine putride qui qualifie notre dégradation continuelle d'«inévitable». De plus, je crois que l'Occident peut survivre. Tout dépend de la foi: foi en notre avenir; foi en notre supériorité et en notre survie. Scepticisme, sophistication, cosmopolitisme, cynisme, ont détruit la vieille foi, et elle n'a pas été remplacée par une nouvelle. Mais la foi restera toujours l'ingrédient essentiel de toute force historique. Seule une foi unificatrice peut fournir la motivation commune pour la survie -- la conviction juste et profonde de notre droit à vivre -- et faire naître la puissance résolue et sans compromis qui peut purifier et racheter notre milieu en décadence et en décomposition rapides. Très simplement: l'impératif d'inspirer cette foi est le problème central de notre temps. Et quand je dis «survivre», je ne veux rien dire de plus. Car nous sommes allés si loin; nos philosophies, nos libertés et nos modèles culturels sont si pervertis ou érodés que la simple survie est tout ce qui est possible. Je veux dire que ceux qui doivent sauver l'Occident doivent comprendre dès le départ que seule une partie de celui-ci peut être sauvée; qu'une grande part devra être sacrifiée et que la structure résultante sera différente de celle du passé. Ceux qui l'ont connue ont permis aux humides «vents du changement» de corroder l'ancienne vie, et beaucoup de mauvaises herbes ont poussé qui ne pourront pas être complètement éliminées. C'est une chose de combattre pour un idéal accessible, mais c'en est une autre que de se sacrifier pour une cause perdue. Pour déterminer ce qui est accessible et ce qui est perdu à jamais, une philosophie de l'histoire est nécessaire. Et bien que notre travail soit de reconstruire, nous ne devons pas perdre de vue la réalité, car nous ne pourrons pas reconstruire avant d'avoir pris le pouvoir. Le pouvoir politique est le critère essentiel, pas les souhaits ou les bavardages, et pour conquérir le pouvoir politique tout le reste doit être temporairement sacrifié. En douter, c'est la défaite assurée. Celui qui est sur le pont d'un bateau en train de couler lors d'une tempête doit être prêt à jeter tous ses biens par-dessus bord si cela est nécessaire pour la survie commune. Ou, pour utiliser une autre image: «Ceux qui veulent faire retraverser le Styx à l'Occident et l'arracher à l'obscurité doivent d'abord passer par les portes de l'Enfer.» Le problème pratique de la reconquête du pouvoir politique se divise lui-même en plusieurs questions. Pour l'une, est-il possible de formuler une éthique et une foi qui, en elle-même, offre au peuple au moins autant d'attrait que le séduisant mensonge de Marx? Pour une autre, comment ceux qui dirigeront naturellement un tel mouvement pourront-ils rivaliser avec l'habileté opérationnelle léniniste diabolique dans la jungle constamment sauvage et indomptable du combat politique -- ou est-il nécessaire de la faire? Après tout, la conspiration à laquelle nous faisons face est le monstre hideux engendré par quatre millénaires d'expérience de ruse et de tromperie; d'autant plus que, en fait, son principal allié a toujours été l'aveuglement obtus de ceux dont il se nourrit. «Combat» pour un homme d'Occident signifie balles, armées, et porte-avions. Mais pour notre ennemi, les guerres internationales ont peu d'importance; «combat» pour lui ne signifie pas guerre mais politique, et en conséquence il a perfectionné ses armes dans ce domaine, le plus décisif. Les soldats n'ont jamais fait de bons politiciens et, par la nature de leurs métiers respectifs, le soldat doit toujours perdre face au politicien. Finalement vient la principale considération lorsqu'on formule une telle doctrine: éradiquera-t-elle à coup sûr les maux et les maladies socio-politiques de notre temps et conduiront-elles l'humanité vers un monde meilleur? C'est d'après ce critère et pas d'après un autre que vous jugerez, si vous êtes sage, l'œuvre de Francis Parker Yockey. Abandonner la recherche d'une telle éthique, c'est abandonner l'histoire, comme le font les nihilistes intellectuels et spirituels -- les gens de gauche et les beatniks. Abandonner cette recherche, c'est donner carte blanche à l'ennemi intérieur pour contrôler nos vies, nos âmes et notre destin. L'incapacité à fournir cette philosophie n'est pas seulement la faute des saprophytes parmi nous, cependant. Ce n'est pas non plus la faute de l'ennemi intérieur, semblable à un caméléon, de l'Occident (le Déformeur de Culture, pour utiliser l'expression bien choisie de Yockey), qui persécute et qui brise impitoyablement tous ceux qui osent s'élever contre notre rapide déclin et dégénérescence; en toute vérité, c'est surtout la faute des millions de gens qui connaissent parfaitement les questions en jeu et qui n'ont pas le courage moral d'identifier et de désigner le Déformeur de Culture; ou -- encore pire -- qui se sont, par une auto-persuasion assidue, convaincus que le combat pour la survie face à un ennemi qui ne demande rien moins que la capitulation totale peut être livré et gagné avec des associations, des paroles mesurées et modérées et en évitant les «extrémistes». Ces délicats combattants grouillent dans chaque mouvement anti-communiste comme les fourmis sur le sucre. En manifestant bruyamment leur anti-communisme, ils achètent leurs consciences pour les apaiser et vont souvent jusqu'à se joindre à la crucifixion des quelques-uns qui ont du courage moral, de peur d'être eux-mêmes jugés «coupables» par association. L'Amérique possède trop de tels anti-communistes et trop peu de vrais patriotes. Il y a beaucoup de choses dans Imperium qui peuvent facilement être mal interprétées. Il y a des choses que chacun peut approuver. Et il y a des choses que chacun peut désapprouver. C'est un caractère marqué pour toute rupture vraiment vitale et révolutionnaire. La critique de Yockey envers le darwinisme est un exemple de la première possibilité, et il faut garder à l'esprit qu'il parle du darwinisme journalistique, pas de la théorie de l'évolution. Un sujet associé est son usage du mot race. Cela aurait été plus clair si un autre mot, tel que noblesse, avait été utilisé pour décrire ceux qui sentent l'Impératif de l'Epoque, car l'interprétation génétique de la race est une interprétation nécessaire, utile et valide si nous devons regarder tous nos problèmes clairement et précisément. De même, Yockey cite certaines études de validité douteuse lorsqu'il affirme que les enfants d'immigrants en Amérique sont très différents de leurs parents par leurs mesures anthropologiques. Il y a sans doute une certaine vérité à cela; il y a des différences corporelles causées par la nourriture et le climat, mais de telles conclusions peuvent mener au royaume de Lyssenko si on ne fait pas preuve d'une grande prudence. Trofim Lyssenko était le charlatan et grand prêtre russe communiste qui «prouva» par ses tours de passe-passe que l'homme était créé par l'environnement et pas par l'hérédité. Cette théorie est l'erreur de base sur laquelle repose toute la théorie communiste de l'homme, bien que peu de gens s'en rendent compte. Mais l'hérédité est une question de gènes et les gènes ne changent jamais sauf par mutation et sauf si les gènes d'un type (d'une race) sont mélangés aux gènes d'un autre type (d'une autre race). L'un des meilleurs livres récemment parus sur le sujet est celui du Dr. Conway Zirkle, Evolution, Marxian Biology and the Social Scene. Evolution, biologie et héritage génétique doivent être traités comme des questions factuelles, et toute théorie concernant l'avenir doit les accepter. L'usage par Yockey du mot autorité peut être une source d'interprétation erronée. Il faut se rappeler que l'individu jouissait d'une liberté bien plus grande en Europe sous les monarques, qu'en Amérique aujourd'hui. Les sceptiques devraient se familiariser avec Edmund Burke, Thomas Carlyle, Herbert Spencer, et l'œuvre plus récente de Otto von Habsbourg, L'Ordre Social de Demain. Il est certain qu'en utilisant ce mot, il [Yockey] ne parle pas du collectivisme marxiste. Certains lecteurs ont soulevé la question de l'opinion apparemment anti-russe de Yockey, et ici quelques mots de clarification sont nécessaires. Dans des écrits ultérieurs, Yockey précisa ses idées sur la Russie; en fait, certains de ses geôliers le qualifiaient d'«anti-américain et pro-russe» pendant son supplice à San Francisco. Bien que cette calomnie ait bien sûr été vomie à l'intention des lecteurs crédules des journaux, cela montre que certains de ses derniers écrits ont pu être interprétés à tort comme étant pro-russes, tout comme Imperium indique une attitude anti-russe. Bien sûr, Yockey n'était ni pro- ni anti-russe; il se préoccupait de la santé et de la continuité de l'Occident, et sa vision du reste du monde fut toujours subordonnée à ce qu'il considérait comme étant les meilleurs intérêts de l'Occident à cette époque. Les accusations d'«antisémitisme», à moins que l'imprécation n'exprime un parti pris sur la question juive, doivent être interprétés de la même façon. Le fait qu'il ait été capturé au domicile d'un ami juif -- même si cet ami le désavoua ultérieurement -- révèle la vérité à ce sujet. On pourrait faire des commentaires par douzaines sur les brillantes pensées et concepts présentés dans Imperium, tels que, par exemple, sa relégation de l'économie à son niveau approprié -- organiquement, l'appareil alimentaire. Sa défense de l'unification européenne, bien avant que cette idée ait fait une percée, en est un autre exemple. C'est peut-être une preuve de son affirmation selon laquelle les choses qui sont considérées comme «extrêmes» aujourd'hui sont les dogmes de demain; le génie vit dans le futur, comme il le dit, et alors qu'il était habituellement considéré comme un peu «excentrique» par ses contemporains, et snobé ou moqué gentiment (à moins, bien sûr, qu'il n'ait encouru la juste colère de l'Eglise, auquel cas les choses pouvaient devenir très chaudes pour lui), il est aujourd'hui déclaré par le freudisme moderne comme étant mentalement malade et ne pouvant pas bénéficier des anciennes protections de la loi; et cela est sûrement révélateur du «progrès» que nous avons fait en un millier d'années. La signification du pseudonyme que Yockey choisit comme auteur d'Imperium, Ulick Varange, doit être mentionnée. Ulick est un prénom irlandais, dérivé du danois, et signifie «récompense de l'esprit». Varange, bien sûr, se réfère aux Varègues, cette bande de héros du Nord voyageant au loin, conduite par Rurik qui, sur l'invitation des Slaves, vint pour civiliser la Russie au 9ème siècle, bâtit l'Etat impérial russe et forma la talentueuse et belle aristocratie russe jusqu'à ce qu'elle soit massacrée par les Bolcheviks -- en même temps que quelque 20 millions d'autres chrétiens et musulmans -- dans cette sanglante terreur. Le nom, par conséquent, tiré des antipodes est et ouest de l'Europe, signifie une Europe unie «depuis les promontoires rocheux de Galway jusqu'à l'Oural», comme il l'exhorta lui-même. Finalement, le nom Varange signifie par lui-même l'origine occidentale de la Russie historique. Imperium dans sa totalité n'est pas un livre -- à nouveau, comme l'a dit l'auteur -- au sens où il présenterait des arguments. C'est un livre prophétique, l'œuvre d'un voyant intuitif. Pour cette raison, vous ne trouverez pas de bibliographie ni de notes en bas de page dans Imperium, en dépit des vastes lectures que l'auteur a manifestement faites. Et il n'est pas seulement prophétique au plus large sens historique, car Yockey a pu penser à lui-même et prédire sa propre fin violente lorsqu'il souligne que les prophètes d'un nouvel âge connaissent souvent une mort non naturelle. Cette pensée est exprimée à deux reprises -- une fois dans le chapitre «L'articulation d'une Culture», et à nouveau dans «Génie». Une autre lubie intéressante et mystérieuse concernant le manuscrit qu'il termina à Brittas Bay et que vous avez à présent entre les mains, est qu'il est «codé» pour que, si le code secret peut être découvert, le nom de l'auteur soit révélé. Ainsi, la question de l'authenticité qui est toujours soulevée pour une grande œuvre après la mort de l'auteur ne peut pas être un problème pour Imperium. Il est important de rechercher les origines de la philosophie de Yockey, car tout le monde est obligé de bâtir sur le dos de ceux qui nous ont précédé, et une vision claire du passé apporte une compréhension plus complète. Avec plus d'exagération que d'exactitude, Yockey déclare: «Il n'y a rien d'original dans le contenu de ce livre». Une plongée dans Oswald Spengler est fondamentale pour comprendre Yockey; en fait, on peut dire que Imperium est réellement une suite du monumental Déclin de l'Occident de Spengler. Bien sûr, Spengler est persona non grata pour les «intellectuels» en place, pour des raisons qui deviennent très claires pour tout lecteur du Déclin, et cette renaissance de son influence -- une renaissance inévitable, ajouterai-je -- sera donc un grand choc pour les tendres esprits des beatniks, des libéraux et des communistes qui ont tété la mamelle asséchée du conformisme historique depuis si longtemps. Ces enfants intellectuels sont toujours très impatients de nous affirmer que Spengler est «dépassé», une de leurs armes sémantiques favorites, régulièrement utilisée dès qu'ils souhaitent éviter de discuter des problèmes et des faits. Mais Oswald Spengler -- «le philosophe du Vingtième Siècle», comme l'appelle Yockey -- avec Gregor Mendel, Thomas Malthus et Charles Darwin -- nous a révélé la formule du monde d'hier et ses grandes lignes pour le futur, pour le meilleur ou pour le pire. Chacun de ces géants est de première importance dans son propre domaine d'étude, et étudier l'histoire en rejetant Spengler est tout aussi stupide qu'étudier la maladie en rejetant la théorie des microbes, ou étudier les mathématiques en rejetant les nombres. Les pathétiques nihilistes, matérialistes, égalitaristes et bienfaiteurs peuvent aboyer, aboyer sur les talons de Spengler jusqu'à l'enrouement, mais l'Histoire ne peut pas les entendre. «Dans ce livre est tentée pour la première fois l'entreprise de la prédétermination de l'histoire». Ainsi Spengler ouvre le Déclin, et poursuit avec deux épais volumes de délicieuses et profondes excursions dans l'histoire mondiale, la guerre, la philosophie, la poésie, la musique, l'art, la politique, la religion, et même les mathématiques. Peut-être le meilleur résumé de Spengler -- si une telle chose peut exister -- a-t-il été fait par Egon Friedell dans son livre A Cultural History of the Modern Age, une œuvre en trois volumes que Yockey, soit dit en passant, appréciait beaucoup. Friedell dit en énumérant les plus grands penseurs: Finalement, et avec une profonde admiration, nous arrivons au nom d'Oswald Spengler, peut-être le plus puissant et le plus vif penseur apparu sur le sol allemand depuis Nietzsche. On doit grimper très haut dans la littérature mondiale pour trouver des travaux d'une intelligence aussi brillante et aussi exubérante, d'une finesse psychologique aussi triomphante, et d'une cadence rythmique aussi personnelle et aussi suggestive, que son Déclin de l'Occident. Ce que Spengler nous donne dans ses deux volumes est 'l'esquisse d'une morphologie de l'Histoire'. Il aperçoit, à la place de 'l'image monotone de l'histoire linéaire du monde', le 'phénomène d'une pluralité de puissantes Cultures'. 'Chaque Culture a ses propres possibilités nouvelles d'expression, qui surgissent, mûrissent, déclinent et ne reviennent jamais. Il n'y a pas une sculpture, une peinture, une mathématique, une physique, mais beaucoup, chacune différente des autres dans son essence la plus profonde, chacune limitée en durée et avec ses limites, tout comme chaque espèce de plante a sa fleur ou son fruit particuliers, son type particulier de croissance et de déclin. Ces Cultures, essences sublimées de la vie, croissent avec la même superbe absence de but que les fleurs dans un champ'. Les Cultures sont des organismes, et l'histoire culturelle est leur biographie. Spengler énumère neuf de ces Cultures, la babylonienne, l'égyptienne, l'indienne, la chinoise, la classique [gréco-latine], l'arabe, la mexicaine, l'occidentale et la russe, et il jette la lumière sur chacune à son tour, naturellement pas une lumière aussi brillante et complète dans chaque cas, car bien sûr, notre information à leur sujet est très inégale. Mais dans le cours évolutionnaire de ces Cultures, certains parallélismes règnent, et cela conduit Spengler à introduire le concept des phénomènes 'contemporains', par lequel il veut dire que les faits historiques, 'chacun dans sa propre Culture, surviennent dans la même situation -- relative -- et par conséquent, ont une signification exactement correspondante'. 'Contemporaines', par exemple, sont les montées du ionique et du baroque; Polygnote et Rembrandt, Polyclète et Bach, Socrate et Voltaire sont 'contemporains'. Mais à l'intérieur d'une Culture isolée aussi, il y a une confluence naturellement complète de toutes ses expressions vitales à chacun de ses stades d'évolution. Ainsi, par exemple, il y a une profonde connexion de forme entre la polis classique et la géométrie euclidienne, entre la perspective spatiale de la peinture à l'huile occidentale et la conquête de l'espace par les chemins de fer, les téléphones et les armes à longue portée. Au moyen de ces principes directeurs, Spengler arrive maintenant aux découvertes les plus intéressantes et les plus surprenantes. Le 'brun protestant' du Hollandais et le plein air athée de l'école de Manet, la 'voie' comme symbole premier de l'âme égyptienne, et la 'plaine' comme leitmotiv de la vision-du-monde russe, la Culture 'magique' des Arabes et la Culture 'faustienne' de l'Occident, la 'seconde religiosité' par laquelle les Cultures font revivre les images de leur jeunesse, le 'monde des fellah' par lequel l'homme devient à nouveau sans Histoire -- ces thèmes, et beaucoup d'autres, sont des éclairs de génie inoubliables qui éclairent un instant de vastes étendues d'obscurité, des découvertes et des indications incomparables d'une intelligence qui possède un talent vraiment créatif pour les analogies. Que les Cimmériens [ = les barbares] du savoir n'aient opposé à une telle œuvre que de l'impassibilité et une sourde incompréhension à ce que représentent ses questions et ses réponses n'est pas surprenant pour quiconque connaît les coutumes et la mentalité de la république du savoir.Spengler publia le Déclin en juillet 1918, et nous sommes encore secoués par les toutes premières vagues de cet événement historique. Car le Déclin de l'Occident fut aussi révolutionnaire pour l'étude de l'histoire en 1918 que le fut la théorie de l'héliocentrisme de Copernic pour l'étude de l'astronomie en 1543. Quelle est, pouvons-nous nous demander, la principale cause de la difficulté à accepter Spengler, en dehors du fait qu'il représente un barrage massif à la victoire totale de l'«intellectuel» marxiste-libéral? Les principales difficultés, je pense, sont au nombre de deux: la nécessité de reconnaître la nature essentiellement étrangère de chaque âme culturelle, et l'apparente nécessité de nous réconcilier avec le triste fait que notre propre organisme occidental, lui aussi, doit mourir, comme tous ceux qui sont venus avant lui. Paradoxalement, le problème fondamental de la seconde difficulté réside dans l'Ame Faustienne elle-même de l'Occident, que Spengler a définie ainsi: «L'Ame Faustienne -- dont le symbole premier est l'espace pur et illimité», dit-il; et cela est vrai, car nous avons besoin, dans notre être profond, du contact perpétuel avec l'infini. L'idée de progrès illimité s'écoule de cette réalité spirituelle; c'est un concept qui est profondément et inextricablement enraciné dans chaque homme de l'Occident. Par conséquent, la pensée de la mort inévitable provoque un rejet fondamental et est appelée pessimisme. Quant à la première difficulté spécifique, la reconnaissance de la nature essentiellement étrangère de chaque âme culturelle, il s'ensuit que si chaque culture a sa propre vitalité intérieure, elle ne sera pas influencée par l'esprit d'une autre. Cela va à l'encontre de la fibre la plus profonde de l'homme occidental qui, pendant 500 ans et plus, a fait du prosélytisme parmi les hommes du monde entier dans le vain espoir de les transformer en sa propre image favorite. Ce blocage psychologique est profond en Occident -- si profond que c'est une erreur qui apparaît dans toutes les strates philosophiques, certainement pas seulement la tendance de gauche. Nommez n'importe quel philosophe, économiste ou adepte religieux de l'histoire occidentale, excepté Hegel (oui, cela inclut même Spengler) et vous êtes pratiquement certain de trouver un homme qui cherchait à établir les lois universelles du comportement humain; qui, en d'autres mots, ne voyait aucune différence entre les races. Cette erreur est si fondamentale qu'elle est habituellement inconsciente (que ferait Lord Keynes, par exemple, avec sa théorie «universelle» de la sur-épargne s'il tentait de l'appliquer au Ghana ou à Haïti?). L'Eglise Catholique Romaine est un cas d'espèce. Les Occidentaux d'esprit traditionalistes parlent à juste titre de l'Eglise comme d'un rempart de l'Occident, mais vont parfois jusqu'à identifier l'Eglise à l'Occident. Malheureusement, le compliment n'est pas rendu. La Sainte Eglise Romaine est une Eglise universelle -- une seule Eglise pour tous les hommes -- qui voit tous les hommes, où qu'ils soient et qui qu'ils soient, comme des âmes humaines égales dont les corps doivent être soumis à la sainte étreinte du Vatican. Elle est la première à rejeter la suggestion impie qu'elle devrait avoir une loyauté prioritaire envers l'Occident. Les démonstrations scientifiques et philosophiques selon lesquelles les hommes et les cultures sont pourtant différents dans de nombreux aspects fondamentaux et qu'il est malsain -- immoral -- de les mélanger, sont sûres de rencontrer la même réception inhospitalière que celle que l'Eglise fit autrefois à Copernic et à Galilée. En avril 1962, trois catholiques furent excommuniés à la Nouvelle-Orléans pour avoir osé soutenir cette Vérité hérétique. Un point central quand on pense à ce sujet est la croissance, et à présent la suprématie totale, de l'idée occidentale de la technique. Tout le monde de la science est un reflet de l'homme occidental et pas d'un autre, et nous avons vu la technique occidentale conquérir le monde. Nous voyons que notre science est reprise à divers degrés et de diverses manières par chaque culture simienne de la planète ayant dépassé le stade de l'arbre. Les habitants nègres de l'âge de pierre d'Afrique, de Haïti, de Nouvelle Guinée et des Philippines du Sud sont fascinés par les horloges, les radios et même les toiles. Lorsqu'une ville américaine veut se débarrasser de ses vieux tramways, elle les envoie au Mexique. Les Arabes sémites conduisent des Cadillacs et utilisent des fusils fabriqués en Belgique; les deux sont achetés avec les royalties de l'or noir de Wall Street, Dallas ou Londres. Les Chinois d'Asie ont été de bons élèves, et on s'attend à tout moment à leur premier essai atomique. Et même les Russes à moitié occidentaux depuis le temps de Pierre le Grand ou même de Rurik, ont construit leurs bateaux, canons et fusées avec des ingénieurs européens. Mais cette récupération massive de la technique occidentale a-t-elle le moindre effet sur l'âme intérieure et distinctive de la culture qui se l'approprie? La réponse est non, et nous ne devons pas permettre à notre stupide fierté de nous le cacher. L'autre cause du rejet de Spengler réside dans la difficulté de nous réconcilier avec la nécessité apparente de la mort de l'Occident en tant qu'organisme culturel. Mais il n'est pas nécessaire, à mon avis, de faire cette réconciliation. Car bien qu'une Culture soit un organisme, c'est un organisme particulier; et en acceptant d'emblée l'analogie, nous pouvons rechercher intelligemment la possibilité de prolonger ou de renouveler sa vie. Yockey rejette cette hypothèse et, en spenglérien accompli, prévoit la fin de l'Occident. Mais on peut arguer que l'introduction même du concept organique dans la philosophie et la théorie historiques, plus la maîtrise incomparable de la Nature à laquelle l'Occident est parvenu -- et ses possibilités infinies pour le futur -- entraîne la conception que l'organisme de l'Occident n'est pas condamné à subir le même Destin que les cultures qui l'ont précédé et qui n'avaient pas toutes ses connaissances. En d'autres mots, nous avons maintenant le concept approprié, grâce à Spengler, et nous avons, pour la première fois dans toute l'histoire, identifié la pathologie de la Culture, grâce à Yockey. Et, de plus, la technique occidentale a créé la solution physique tout aussi unique à appliquer au problème. Pour prolonger cet examen, la Culture Occidentale surpasse toutes les autres dans l'histoire, dans ces domaines: (1) L'obsession de l'histoire factuelle.Tournons-nous maintenant vers la phase jusque-là finale et, selon Spengler, «inévitable», d'une Culture -- la phase impérialiste. Avant tout, c'est dans ce domaine que la théorie spenglérienne, appliquée à l'«entreprise de prédéterminer l'histoire», semble vaciller, parce que l'Occident semble être en retard sur l'horaire. Yockey commente cela et l'attribue à l'influence retardatrice de l'Argent. C'est probablement vrai. La question est: si l'Argent peut perturber le cycle, d'autres choses ne le peuvent-elles pas aussi? Ici on peut mentionner un autre fait unique concernant la situation occidentale. L'état de surproduction est devenu un fait que presque tous les secteurs de l'opinion publique répugnent à reconnaître. Pourtant, il s'agit d'une rupture fondamentale pour l'humanité, avec des implications multiples. Jusqu'à maintenant, l'esclavage était nécessaire pour soutenir un haut niveau de vie (et bien sûr, l'esclavage a toujours été approuvé par la religion et par la loi lorsqu'il était économiquement désirable). Ainsi c'était le cas des conquêtes à l'étranger [dans un but] d'exploitation. Ce n'est plus le cas. Le principal problème économique pour l'Occident est d'utiliser son surplus de production, pas de nourrir et de vêtir ses masses (cette vérité élémentaire est connue de tous les «travailleurs» mais a échappé à l'attention des théoriciens et des économistes de droite comme de gauche). La surproduction et la technique, ensuite, semblent avoir détruit l'impératif économique de l'impérialisme. Finalement la bombe atomique et ses descendants bien plus terrifiants ont infiniment diminué l'usage de la guerre en tant qu'instrument de politique nationale. Depuis ces points de vue, l'impérialisme en tant que politique de gain est aussi mort que la traite des esclaves et le navire de bataille. Et si l'impérialisme ne doit pas être mis en œuvre comme politique délibérée de gain, de quel point de vue doit-il être mis en œuvre? Ferveur religieuse? Enthousiasme populaire pour le capitalisme? Non, le temps des Croisades aussi est passé pour l'Occident. Nous ne verrons pas l'Occident marcher pour conquérir le monde, pour un motif autre que celui de Wall Street et que celui d'une Force de Paix -- à moins que la nécessité d'écouler nos produits ne puisse finalement être résolue que par «la guerre, la solution des couards pour [résoudre] les problèmes de la paix.» Si l'on veut maintenant objecter que les considérations susmentionnées proviennent d'une vision causale de l'histoire -- à laquelle s'oppose Yockey -- et affirmer que la phase finale de notre Culture est soumise à des phénomènes purement spirituels, j'aurai l'audace de suggérer la possibilité d'une erreur de calcul de la part de Spengler, qui aurait pu être basée sur une mauvaise interprétation de ses propres données et de sa propre théorie qui, si on la regarde depuis une perspective légèrement différente, non seulement éclaircit le sens de cette théorie à la lumière des présents développements, mais aussi la valide complètement. Le manque de place ne permet ici que la plus simple des esquisses, au risque d'être inintelligible pour ceux qui ne sont pas initiés aux mystères du spenglérisme. La méthode de Spengler était de montrer la corrélation existant entre tous les aspects de l'histoire d'un organisme culturel. Comme la citation précitée de Friedell le suggère, Spengler tire des analogies entre des éléments apparemment divers à l'intérieur d'une Culture, tous recevant leur forme et leur sens par le Zeitgeist (l'esprit du temps) qui est une création de l'âme culturelle dans sa Destinée unique. Par conséquent, dans la recherche du passé il considérait comme phase culminante celle qui s'exprime spirituellement par l'universalisme. Dans le domaine de la religion, cela devient une «seconde religiosité», commençant par une multitude de sectes et de cultes que personne ne prend au sérieux mais qui influence tout le monde (c'est ce que nous avons aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle l'«évangile social» et il apparaît sous une multitude de formes profanes aussi bien que sacrées. Ce n'est pas une vraie religion, mais du cultisme). Finalement cette anarchie se stabilise sous la forme d'une religion largement acceptée et authentique -- et nous en sommes éloignés d'à peu près 200 ans. Dans le domaine de l'économie, il y a le «Big Business» et le pouvoir croissant de l'Argent qui, cependant, est finalement brisé par la force de la politique. Dans l'art, le Zeitgeist s'exprime par l'importation de formes d'art exotiques, et par une expérimentation inepte qui n'a aucun sens à part d'être la dégénérescence naturelle de la forme d'origine. Finalement, dans l'expression extérieure, il y a l'impérialisme, l'expansion militaire. Nous pouvons pleinement voir que tout ce qui précède se déroule comme prévu, sauf la dernière phase. Pourquoi? Simplement parce que la soumission de la technique à l'Occident et la maîtrise de l'économie par l'Occident a sublimé ce stade d'universalisme spirituel, passant de l'impérialisme militaire à d'autres formes d'expansion. En vérité, il n'a jamais existé auparavant une armée aussi agressive d'expansionnistes timides armés et d'impérialistes pacifistes. Les fanatiques du Gouvernement Mondial grouillent littéralement en Occident. Eux et d'autres soutiennent résolument les Nations Unies -- un anachronisme qui ne peut absolument pas être efficace quant à ses buts déclarés -- pourtant le soutien à ce fossile malfaisant est une question de bonne moralité pour des millions de gens. Le Zeitgeist se reflète toujours dans des définitions, c'est donc le comble de l'insulte pour un homme Blanc aujourd'hui d'être qualifié d'«isolationniste» ou de «nationaliste». Les Blancs doivent tous être «libre-échangistes», «internationalistes» et «cosmopolites» dans leur attitude, et admirer le «citoyen du monde» de toutes les manières. Notre attention est complètement focalisée à l'extérieur de nos frontières; il est bien plus facile, avons-nous découvert, de résoudre les problèmes de parfaits étrangers que de résoudre les nôtres. Les non-occidentaux ne sont pas aussi avancés que nous, et cela est pardonné avec empressement, en utilisant une nouvelle sorte de double langage chrétien qui est la marque d'une supériorité morale moderne, comme le fait d'appartenir au Club du Livre Classique ou de faire un don au Fonds des Collèges Noirs. Qu'est-ce qui a causé, demande Nietzsche, plus de souffrances que la folie de la compassion? Il est bon pour les peuples de couleur d'être nationalistes; nous encourageons cela, en fait, et nous sautons sur les actions [finance] israéliennes avec un chaud sentiment de justice. Nous nous réjouissons quand les gens de couleur et les Juifs manifestent leur «fierté raciale», péché et tabou cardinaux de notre propre milieu puritain (incidemment, pourquoi tous les sujets sauf un peuvent-ils être discutés à notre époque avancée? L'athéisme est aujourd'hui un sujet ennuyeux. Le marxisme est encore plus ennuyeux, après cent ans de popularité. L'étape suivante nous a fait passer du sexe ordinaire au sadisme et à la perversion; on devient même blasé concernant le marquis de Sade. De quel sujet osé est-on libre de discuter depuis que les égalitaristes ont apporté les bienfaits de la démocratie? Une seule chose ne peut pas être évoquée en bonne compagnie: la race). Les héros de Wall Street tirent le maximum de ce type d'«impérialisme», et aujourd'hui les investisseurs gros et petits sont intéressés par les investissements à l'étranger qui bénéficient en fait d'avantages fiscaux par rapport aux investissements intérieurs (favoritisme fiscal: le critère final du statut social dans notre démocratie) -- ou bien ils soutiennent «l'aide aux pays étrangers» -- en n'oubliant pas de stipuler, naturellement, qu'une part de ce truc ingénieux pour écouler notre surplus de production doit être réservée à leurs propres produits. L'expression ultime de cet impérialisme militant du pistolet à eau est la «Force de Paix», hilarante mais néanmoins profondément significative, la véritable expression du Zeitgeist. Créée à partir de la combinaison typiquement américaine de la stupidité insondable des bonnes œuvres et de l'incapacité à comprendre les sentiments des autres, et de l'avidité «éclairée», elle est le parfait symbole de notre époque. Non, nous n'avons pas besoin d'impérialisme tant que nous avons des leaders comme Mennen Williams et Adlai Stevenson, des savants comme Eleonor Roosevelt et Arnold Toynbee et des altruistes comme Herbert Lehmann, James Warburg et Douglas Dillon pour résoudre nos propres problèmes. Pour poursuivre cette enquête sur l'applicabilité de Spengler à notre temps, il est important d'exprimer un certain point de vue qu'on entend très rarement, grâce aux pourvoyeurs de la liberté intellectuelle et de la démocratie. Les néo-spenglériens qui sont en accord avec la vision raciale de l'histoire (appelons-les «racistes» par commodité) soutiennent que la phase «finale» d'une Culture -- le stade impérialiste -- est finale seulement parce que l'organisme culturel détruit son corps et tue son âme par ce processus. Manifestement, si nous devons tirer des analogies entre les Cultures et les organismes, nous devons reconnaître que l'âme de l'organisme meurt seulement à cause de la mort du corps. L'âme peut tomber malade -- l'âme de l'Occident est actuellement malade, et peut-être mortellement -- mais elle ne peut pas mourir à moins que l'organisme lui-même ne meure. Et cela, soulignent les racistes, est précisément ce qui est arrivé à toutes les cultures précédentes; la mort de l'organisme étant le résultat naturel du processus suicidaire de l'impérialisme. Un mot sur la vision raciale de l'histoire avant d'aller plus loin. Aujourd'hui, bien sûr, l'histoire est écrite à partir du point de vue marxiste de l'économie, du progrès linéaire et de la lutte des classes -- et Yockey explique très bien cette triple erreur. Avant la Première Guerre Mondiale, l'histoire était écrite en grande partie d'un point de vue racial. L'histoire était vue comme le récit dramatique des mouvements, des combats et des développements des races, ce qu'elle est. La suppression du point de vue racial a atteint son apogée vers 1960 (ce n'est pas une coïncidence si le pouvoir du Déformeur de Culture, dans tous les autres domaines, incluant le politique, a donné des signes -- cependant faibles -- de vacillement ces temps-ci). Peut-être la raison principale de la tendance croissante des Blancs à regarder les races objectivement est-elle, paradoxalement, précisément parce qu'ils ont été obligés de les regarder subjectivement! Il n'est pas difficile d'entretenir un mythe au moyen de l'ignorance. L'égalité ou même la supériorité des Noirs, par exemple, est plus facile à croire s'il n'y a pas de Noirs aux alentours pour détruire le concept. En un mot, l'internationalisme dans la pratique se métamorphose rapidement en racisme. Pour passer de l'expérience au domaine académique, combien d'Américains et de Britanniques sont-ils informés du fait prodigieusement élémentaire qu'ils sont -- au sens historique -- des Germains; qu'ils font partie, que cela leur plaise ou non, de cette grande famille teutonique-celtique qui formait -- des millénaires avant la naissance de Rome ou même de la Grèce -- une seule tribu, parlant une seule langue? Combien de gens par ailleurs instruits et bien intentionnés ayant jusqu'ici évalué leur [propre] patriotisme selon le degré de haine qu'ils éprouvaient envers leurs frères continentaux, savent-ils que les ancêtres de la grande famille teutonique-celtique étaient les mêmes Aryens qui soumirent l'Inde et la civilisèrent, parlant la langue sanscrite et créant le système des castes qui, soit dit au passage, n'était à l'origine rien d'autre qu'un système de ségrégation raciale revêtu d'une signification religieuse pour le maintenir? Ou que, avant cela, il y avait les Sumériens et les Perses, et que le nom moderne de la Perse -- l'Iran -- est simplement une déformation du mot «Aryen»? La Grèce et Rome aussi furent créées par cette grande race de conquérants, d'explorateurs, porteuse de culture. Dans chaque partie du monde où elle s'installa, une civilisation différente fut créée, chacune d'entre elles étant distincte parce qu'elle se développa en accord avec les conditions environnementales à l'endroit où son histoire commençait, conservant néanmoins des traces indubitables de son origine aryenne. Il y a quelques civilisations dont nous savons très peu de choses, concernant les éléments raciaux. Tout ce que nous savons de certain sur les Egyptiens est qu'ils étaient des Caucasiens et que, comme tous les esclavagistes, ils mélangèrent leur sang avec celui de leurs esclaves nègres. De même pour les dénommées civilisations amérindiennes, nous savons maintenant avec certitude que leur civilisation fut imposée aux Indiens sauvages par une souche raciale blanche. Dans ses livres populaires, Kon-Tiki et Aku-Aku, Thor Heyerdahl dévoile habilement la vision raciste interdite, bien qu'une multitude de gens qui sont familiarisés avec l'aventure décrite dans ces livres soient totalement ignorants du profond message racial qu'il a écrit dans ceux-ci (c'est une triste chose en effet qu'un scientifique talentueux, pour révéler la simple vérité, doive risquer sa vie et ensuite écrire un récit d'aventures codé qui, après décodage, révèle une réalité interdite). Dans Kon-Tiki, Heyerdahl écrit: «Il n'y a aucune trace de développement graduel dans les hautes civilisations qui s'étendaient autrefois du Mexique au Pérou. Plus les archéologues creusent profondément, plus la culture est avancée, jusqu'à un point précis où les vieilles civilisations ont brusquement surgi sans aucune fondation parmi des cultures primitives». Toutes les merveilles existant en Amérique du Sud et en Amérique Centrale avant l'arrivée des Espagnols ont été créées soudainement par une race de conquérants Blancs et, comme ils mélangèrent lentement leur sang à celui de la population native soumise, la civilisation déclina. La raison précise pour laquelle Cortès vainquit les Aztèques si facilement était que Montezuma croyait que les Espagnols étaient les hommes barbus à la peau claire venant de l'Est qui, d'après la prophétie de Quetzalcoatl, devaient revenir un jour; et au Pérou les Incas avaient exactement la même légende. Le nom Inca, à ce propos, est seulement le nom de l'aristocratie péruvienne. Les Incas étaient blancs et les princesses étaient très belles; si belles que beaucoup d'officiers espagnols les épousèrent et les emmenèrent en Espagne. Un simple coup d'œil sur les Indiens d'aujourd'hui au Pérou montre immédiatement qu'ils ne furent pas les créateurs de la grande culture péruvienne. L'un des meilleurs textes sur ce sujet et, dans ce domaine, sur le sujet fascinant de la préhistoire du monde en général, est le livre de Paul Hermann, Conquest by Man, un livre extrêmement valable qui, assez curieusement, est en cours d'impression (chez Harper)! Une origine encore plus nébuleuse doit être attribuée à la civilisation chinoise. Il suffit de dire qu'il existe d'abondantes indications sur d'anciens mouvements de Blancs en Chine du Nord et qu'il existe de nombreuses similarités entre la première culture chinoise et la babylonienne. Gengis Khan, un Mongol, venait d'une tribu appelée «les hommes aux yeux gris», selon le biographe Harold Lamb, et il avait les cheveux roux et des yeux verts. Les Chinois ont montré qu'ils ont la capacité de maintenir une civilisation mais on ne peut pas prouver qu'ils en ont créée une. L'intensive suppression, présentation tendancieuse, condamnation et opposition à la vision raciale de l'histoire a fait son effet. Non seulement nous avons encore beaucoup à apprendre (le problème de la préhistoire a été à peine effleuré et ne sera jamais plus qu'effleuré si les scientifiques persistent à passer leur temps avec des projets bien financés dans le soi-disant «cerceau de la civilisation» au Moyen-Orient), mais les résultats de cette perversion historique ont été très importants dans le domaine social. Cela a permis au Déformeur de convaincre l'Europe que tout ce qu'elle possède est dû aux Grecs, aux Romains et à une obscure tribu de vagabonds que certains fous religieux considèrent comme le «peuple élu de Dieu». Dans The Testimony of the Spade, cependant, Geoffrey Bibby expose certains résultats de sa recherche en-dehors des sentiers battus de l'archéologie et de sa recherche des origines européennes en Europe et non dans l'Orient étranger; les résultats seront surprenants pour les personnes habituées à croire que leurs ancêtres étaient des sauvages vêtus de peau d'ours, devenus civilisés seulement sous la domination de Rome. En vérité, presque tout ce que l'Occident possède, il le doit à lui-même, y compris des fêtes comme Noël et Pâques (originellement des célébrations teutoniques du solstice d'hiver et de la venue du printemps, cette dernière célébration étant dédiée à la déesse Ostara), jusqu'aux lois, à la morale et aux tuniques d'une seule pièce. Dans le monde, les gens portent des chaussures de cuir et des pantalons, pas des sandales et des toges. Des vêtements très similaires à ceux qu'on vend à Sears ou Roebuck aujourd'hui ont été découverts en Europe, datant de quelque 3.000 ans. La Culture Occidentale est née il y a de nombreux millénaires. Elle a commencé de manière autochtone et s'est développée jusqu'au point actuel, où elle se trouve maintenant au bord de l'annihilation physique et spirituelle, seulement parce qu'elle a cessé de croire en elle-même. C'est la leçon que nous en tirons. De plus, il y a une corrélation trop parfaite pour être une coïncidence en ce que, à chaque cas connu de mort ou de stagnation d'une Culture, il y a eu simultanément une tentative avortée d'absorber un grand nombre d'étrangers de culture et de race dans l'organisme. Dans le cas de Rome ou de la Grèce, la mort survint par l'impérialisme et par l'entrée résultante, inévitable, des peuples et des races conquis jusqu'au cœur du pays, en tant qu'esclaves, apportant des religions exotiques, des philosophies différentes; en un mot, la sophistication culturelle d'abord, ensuite l'anarchie culturelle. Dans le cas de la Perse, de l'Inde et des civilisations amérindiennes, une race de conquérants imposa sa civilisation à une masse indigène; la région s'épanouit pendant un moment, ensuite la Culture disparut, ou, dans le cas de l'Amérique, était au bord de la disparition alors que les descendants des conquérants devenaient mous, gras et libéraux et adoptaient de plus en plus les accoutrements et le sang de la population soumise. Dans le cas de l'Egypte, le sang étranger fut apporté au cours des siècles par l'importation d'esclaves Noirs. L'inévitable abâtardissement racial suivit, créant l'Egypte que nous connaissons aujourd'hui. Nous voyons ainsi la véritable raison sous-tendant l'«inévitable» déclin et destruction d'un organisme culturel. C'est parce que, à un certain stade, une Culture développe une mauvaise cause d'universalisme. Pour parler médecine, à moins que cela ne soit sublimé vers des canaux inoffensifs par un traitement approprié, elle tuera inévitablement l'organisme par l'absorption d'un flot de microbes étrangers. C'est donc le sous-produit naturel de l'universalisme qui tue l'organisme; la mort de l'organisme lui-même n'est ni naturelle ni nécessaire! Cette conclusion vient d'une synthèse du point de vue spenglérien et du point de vue racial. Chacun tempère l'autre; avec les deux, une théorie cohérente et prometteuse de l'histoire peut être développée, qui possède un sens profond pour les Occidentaux d'aujourd'hui. A tout prix, la phase impérialiste de notre développement doit être évitée, et nous devons nous garder de digérer la matière étrangère que nous avons déjà partiellement absorbée. L'Occident n'a pas besoin de mourir s'il apprend à sublimer l'actuel stade «universel» de sa forme orthodoxe en quelque chose de plus constructif, qui ne satisfera pas seulement le désir «inévitable» que l'Occident manifeste aujourd'hui pour l'expansion et l'universalisme, mais qui procurera en même temps une base pour que l'Occident puisse poursuivre son développement. Que cela peut-il être? Brillant faiblement au-dessus des débris de sept Cultures, nous pouvons maintenant détecter un mince rayon d'espoir qui nous donne, à nous les hommes de l'Occident, des raisons de croire que le Destin de notre Culture peut s'accomplir par une voie complètement nouvelle. Ce rayon d'espoir vient des mêmes développements qui ont porté l'Occident à sa position de supériorité indiscutée vis-à-vis de toutes les autres Cultures. Car l'Occident s'est déjà embarqué pour la plus grande aventure de toute l'Histoire -- la tentative de conquérir l'Espace -- la tentative de mettre l'Univers même sous le contrôle de sa race! Cet impératif ne requiert pas d'autre justification que celle que donna Edmund Hillary lorsqu'on lui demanda pourquoi il voulait escalader le mont Everest: «Parce qu'il est là». C'est l'authentique réalité de l'Ame Faustienne de l'Occident, et elle est au-delà de la logique des rationalistes. Quel but pourrait-il être immédiatement si stimulant, si impudent et si impossible que celui-là -- et aussi métaphysiquement si nécessaire aux besoins spirituels de notre Culture? Et plus -- quel but pourrait-il être si parfaitement adapté à la situation physique dans laquelle nous nous trouvons? Les Nornes ont donné à l'Occident les moyens de survivre. A ce point de l'histoire, notre technique, notre surproduction industrielle et l'«explosion démographique» deviennent de la plus haute importance, car nous voyons que finalement l'Occident a les moyens de transformer en réalité l'impératif poétique de l'élan faustien vers l'Infini; en fait, la nécessité inéluctable d'agir ainsi. Car il est vrai que, quels que soient tous les arguments contraires, l'homme occidental est condamné à conquérir l'Espace ou à mourir dans sa tentative. L'élan vers l'infini et la profondeur n'est plus limité par des frontières terrestres. Maintenant, en fait, nous avons l'infini à portée de notre main. Ce que je suggère est que finalement l'homme Blanc a brisé ses liens avec la Terre. Je pose le simple fait que, sauf calamité causée par une destruction universelle physique ou biologique, nous sommes maintenant en route vers les étoiles, et il n'y a aucune puissance dans le ciel ou sur la terre pour nous stopper. Les jours futurs verront l'actuel élan vers l'Espace multiplié par mille -- par un million. Toutes les limites aux possibilités d'expansion ont disparu. L'expansion géographique sur la Terre est insensée -- et pire qu'insensée -- c'est un suicide. La Frontière est revenue -- une Frontière qui ne pourra jamais être atteinte. Et avec cette Frontière viennent des opportunités littéralement illimitées non seulement pour l'expansion physique, mais aussi pour l'exploitation économique -- et pour que l'Ame de l'Homme Faustien puisse trouver sa véritable expression. Bien sûr, l'homme ne peut pas conquérir les cieux. L'homme ne peut pas déplacer le système solaire, changer les orbites des planètes, ajouter des milliards de miles carrés de déchets sur la surface de la Terre, rapprocher d'autres planètes du Soleil donneur de vie pour les rendre propre à la colonisation, recharger le Soleil lorsqu'il commencera à faiblir et, la plus noble impossibilité de toutes, véritablement améliorer l'espèce humaine par des manipulations biologiques délibérées; car, dans la tentative de conquérir la Nature, nous devons échouer; c'est l'éternelle tragédie de l'Ame faustienne, dit Spengler dans L'Homme et la Technique. Mais -- et c'est la chose importante -- nous pouvons essayer. Et nous essayerons. La fin ne compte pas, le temps n'a pas de fin; seul le but compte. En même temps, il y a un grave danger que, notre attention étant fixée sur les étoiles proches, nous succombions à l'appel subtil du Déformeur de Culture et que nous ignorions les problèmes domestiques. Le Défi de l'Infini est un excitant indicible, mais le problème terrestre de la qualité des hommes et de leur environnement terrestre est plus important. Notre aventure vers l'Infini sera d'une durée très courte si nous en arrivons à une Terre peuplée d'une espèce humaine en dégénérescence rapide; à des nuits hantées par les bandes de sauvages dépravés et sans race, avec seulement des portes renforcées séparant la jungle du laboratoire et du boudoir jusqu'au lever du jour; à une tyrannie imposée à notre gouvernement par des minorités organisées et prédatrices; à des impôts impossibles pour financer des plans décadents d'«aide sociale» qui sont délibérément conçus pour faire proliférer l'inadapté et l'inférieur au détriment du productif et du créatif; à une obscénité organisée qui se nomme elle-même littérature; à la syphilis morale de Hollywood; aux mensonges systématiques qui se déguisent en érudition; à la propagande journalistique et officielle préméditée qui a pour seul but la perpétuation du déclin culturel; à la soumission à un système économique voué à extirper l'excellence individuelle et la responsabilité personnelle; à une philosophie libérale et à une religion malade -- parfaite pour les esclaves -- qui combat férocement tous les efforts créatifs des âmes nobles, dévoilant son aspiration la plus élevée, qui est d'implanter un souhait de mort subconscient dans notre peuple; à une hypocrisie couarde qui rend impossible de parler de nos véritables problèmes -- et tout cela dans le but de stabiliser la suprématie totale du Déformeur de Culture, qui se nourrit et s'engraisse sur ces conditions. Oswald Spengler, alors, peut être vu non comme le prophète de la ruine inévitable, mais comme un homme de défi, comme un voyant qui était -- comme tous les grands créateurs -- incapable de voir les conséquences finales de sa création. Par conséquent, l'importance de Spengler est à la dimension de l'avenir, et tous les hommes qui échappent à l'emprise des destructeurs doivent, comme impératif catégorique, accepter ses enseignements de base. Ce que nous en faisons -- que nous ayons ou non le courage de construire sur la structure qu'il a construite -- dépend de nous. Nous devons espérer que davantage d'hommes comme Yockey viendront pour ajouter un peu plus au concept qu'il [Spengler] a créé, car le développement de l'organisme culturel occidental n'approche pas de sa fin, il est juste à son début. Quelle est la signification d'Imperium? Simplement celle-ci. Que maintenant, pour la première fois, ces soldats qui s'engagent au service de l'Occident possèdent une théorie profonde pour les inspirer et les guider. Imperium, après avoir surmonté toutes les tentatives pour le supprimer et le détruire -- comme l'ont fait toutes les avancées constructives dans le passé de l'homme -- apparaît comme la seule fondation qui peut être utilisée pour vaincre les ennemis intérieurs, reconquérir l'Ame de l'Occident et paver la voie de l'avenir. En dépit des divergences d'opinion que Imperium provoquera, cela au moins est certain: voilà un livre qui est fondamentalement différent des autres livres, précisément comme le déclare l'auteur à la première page. Qu'il indique en effet un tournant dans l'histoire comme le décrit l'auteur, ou non, il contient une grande quantité de pensées fécondes et de nouveaux concepts que toute personne bien intentionnée accueillera favorablement. Il brise la camisole de force de l'actuel intellectualisme stérile qui nous insulte du haut d'un millier de futiles tours de «l'enseignement supérieur», et fera indubitablement don à chaque lecteur d'une pensée qui l'enrichira et, en son temps, qui enrichira notre Culture. Que les prophéties apocalyptiques soient inévitables, ou qu'un cours alternatif et plus constructif puisse être imposé à l'histoire -- ou que l'Occident et le monde parviennent à leur finalité en force ou en douceur -- seul le passage du temps pourra le dire; mais aucun homme intelligent n'ignorera Imperium. D'une certaine manière, Imperium est apparenté au Capital, car Karl Marx donna au Déformeur de Culture comploteur le masque idéologique nécessaire pour dissimuler sa mission de destruction impitoyable et totale. Il fournit une théorie sinistre et inappropriée concernant l'homme, camouflée en égalité putréfiante, en hypocrisie bêlante, la maladie de l'altruisme sans discernement et la «science» de l'économie. En faisant cela, il séduisit les rationalistes avec une vérité totalement spécieuse, une chose dont leurs âmes rétrécies, coupables, avaient désespérément besoin après qu'ils aient tué Dieu. Francis Parker Yockey a fait la même chose pour ceux qui ont un esprit constructif et qui ont le courage intellectuel et moral de faire face à la réalité et de rechercher et de dire la vérité. C'est pourquoi, bien que le plan de Yockey pour l'Occident puisse ne pas être parfait, il contient une puissance atomique. Si un seul homme lisant ce livre est influencé pour diriger, et si d'autres sont conduits à voir le monde un peu plus clairement qu'ils le font à présent -- et s'ils sont ainsi capables de discriminer entre leurs vrais amis et leurs véritables ennemis, et de reconnaître la nécessité du leadership et de l'action coordonnée -, alors, en dépit de tout, la vie de souffrances et de persécutions de Yockey, et son œuvre monumentale n'auront pas été vaines. Et quel que soit le cours que le Destin puisse prendre à partir de ce jour, je serai toujours hanté par deux questions: Pour l'une, la réédition de ce livre est-elle par elle-même la preuve concrète que sa prophétie est en train de se réaliser? Et enfin -- maintenant vous devez me croire sur parole et ne plus me questionner -- il est très étrange que deux hommes -- dont aucun ne peut croire au «Destin» ni à la «Justice Eternelle» -- que ces deux réalistes incroyants et amers -- ces deux rationalistes, si vous voulez -- aient été les seuls à avoir la foi suffisante pour se charger de montrer que Imperium n'est pas oublié et qu'il est à nouveau disponible pour vous, cher lecteur. - W. A. CARTO
Trad. Arjuna. Ce texte constitue l'introduction à la première réédition d'Imperium, en 1962 (éditions de la Noontide Press, USA). Seules quelques notes en bas de page ont été supprimées. Selon certaines sources de l'extrême-droite américaine, cette préface aurait en fait été écrite par Revilo P. Oliver. Ce dernier, pour diverses raisons personnelles, n'aurait pas souhaité signer cette préface et plus tard W.A Carto en aurait profité pour se l'attribuer. Dans le doute, nous maintenons la signature apparaissant dans la première réédition d'Imperium. |