La mort mysterieuse de Subhash Chandra Bose

Un récent communiqué du gouvernement de Taïwan envoyé à un juge en Inde a donné une tournure bizarre au mystère non-résolu de la disparition du héros nationaliste Subhash Chandra Bose, il y a 58 ans.

Bose était l'une des icônes du mouvement nationaliste indien. Mais à la différence du Mahatma Gandhi, qui prônait la non-violence, il croyait en la lutte armée.

Après s'être évadé de son lieu de détention à Calcutta en janvier 1941, Bose rencontra secrètement Adolf Hitler en Allemagne et rechercha son aide pour libérer l'Inde de la domination britannique. Quand le leader nazi déclina, il se tourna vers les Japonais.

Le rêve de NetajiIl arriva à Singapour via Tokyo et, avec l'aide des Japonais, forma l'Armée Nationale Indienne (INA), principalement à partir de soldats indiens de l'armée britannique qui avaient été capturés par les Japonais à Singapour.

L'INA avança vers l'Inde du nord-est mais les Britanniques écrasèrent finalement cette force en haillons et mal équipée. [Image: "Le rêve de Netaji," affiche de INA (1944).]

Les troupes vaincues furent repoussées en Birmanie, des milliers d'hommes mourant de dysenterie, de malnutrition ou de malaria sur le chemin. On dit que Bose lui-même fut tué le 18 août 1945, à bord d'un bombardier japonais qui s'écrasa juste après son décollage d'une base aérienne militaire à Taipei, en route vers Moscou.

Mais même aujourd'hui, 58 ans après la disparition de Bose, le All India Forward Bloc [Bloc de l'Avancée Pan-indien], le parti politique fondé par lui, et des millions d'Indiens ordinaires, particulièrement dans son Etat natal du Bengale Occidental, refusent de croire qu'il périt dans l'accident.

Après l'indépendance, le gouvernement indien constitua deux commissions d'enquête avec des pouvoirs étendus, pour enquêter sur la mort de Bose. Les deux investigations conclurent qu'il était mort dans l'accident d'avion et que les cendres se trouvant à Tokyo dans le fameux temple Renkoji étaient en effet les siennes.

Mais le Forward Bloc rejeta ces conclusions.

En 2000, le parti, qui compte trois membres dans le Parlement national et 25 représentants dans l'assemblée législative de la province du Bengale Occidental, poussa le gouvernement du Premier Ministre Atal Behari Vajpayee à lancer une troisième investigation approfondie.

Le Juge Mukul Kumar Mukherjee, dirigeant la dernière enquête, demanda l'aide de Taipei pour éclaircir le mystère qui avait refusé de disparaître même après six décennies.

Dans une révélation stupéfiante au début de ce mois, le gouvernement de Taïwan informa la commission qu'aucun avion, civil ou militaire, ne s'était écrasé à l'aéroport de Taipei entre le 14 août et le 25 octobre 1945.

La révélation a démoli la théorie de l'accident d'avion quant au sort de Bose, qui est encore vénéré par les Bengalis sous le nom de Netaji, le Guide.

L'information, envoyée par by Lin Ling-san, Ministre des Transports et des Communications, dit: «Après avoir consulté toutes les archives pendant la période du 14 août au 25 octobre 1945, aucun avion transportant Subhash Chandra Bose ne s'est jamais écrasé sur l'ancien aéroport de Matsuyama, à présent aéroport intérieur de Taipei.» ...

L'historien indien Sitnanshu Das dit que les Japonais inventèrent probablement l'accident d'avion pour que leurs généraux et leur allié Bose puissent disparaître sans être pourchassés par les Alliés.

Selon Das, Bose tenta de revenir en Inde via la Russie. Mais il fut capturé et jeté en prison par les autorités lorsqu'il entra en Russie.

Et quand Moscou réalisa que Bose était sous leur garde, les Russes ne voulurent pas admettre qu'ils l'avaient emprisonné et laissé mourir en prison.


Par S.M.N. Abdi. Publié dans le South China Morning Post, 12 octobre 2003.

 

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